La Folie du Gin : Cassosserie Made in England !
Flakon : un coffret pour goûter différents grands vins !
Soiffard.e, salut à toi ! 🤘🍷
C’est la Newsletter #8, j’espère que tu vas kiffer !
📧 Au programme :
👉 La Pépite du mois : Flakon : pour goûter plein de vins différents.
👉 L'histoire décalée : La Folie du Gin : la Cassosserie Made in England !
(T’as accès aux numéros précédents en cliquant ici, ils sont intemporels !)
Étant donné que c'est la période des fêtes et que l'on a droit de se faire plaisir sans autoflagellation, je ne te présente pas une bouteille pépite à découvrir, mais un concept qui m'a bien plu : Flakon.
🍷 Flakon, c'est quoi ?
Le concept de Flakon est assez simple : Un coffret de plusieurs vins (mais aussi de rhums & de whiskies) conditionnés en flacons (l'équivalent de deux verres de dégustation) que tu reçois chez toi sans bouger de ton canapé. En gros, au lieu de t'acheter une bonne bouteille, tu te prends un coffret pour goûter 3-4 grands vins différents.
Bon, forcément, la sélection des vins n'est pas celle que j'aurais choisi. Mais c'est justement cela qui est intéressant. En tant que soiffard de vins nature, à force de n'aller que dans la même direction, tu commences à tourner un peu en rond... Flakon est un bon moyen de :
Te faire réviser ou découvrir les classiques du vignoble français.
Goûter plusieurs terroirs différents sans avoir à acheter une bouteille à chaque fois.
Découvrir des vignobles que tu n'aurais jamais eus l'idée d'acheter (ils ont un coffret vin du monde).
Développer ton expérience de dégustateur & enrichir tes connaissances sur le vin.
Te procurer de la joie dans ton petit cœur, tout simplement... !
Voilà, je trouvais le concept assez intéressant pour te le présenter.
Passons maintenant aux choses sérieuses... Si comme moi, t'es hypé par la mode mondiale du gin depuis quelques années, et que t'es le genre de raclure de bidet qui se réveille le dimanche matin la gueule enfarinée en regrettant la veille... Alors, tu vas kiffer cette histoire d'ivresse !
L'origine du gin
Le gin, contrairement à ce que tu pensais, n'est pas une invention anglaise. Et non... on doit sa paternité aux hollandais. Au 17ᵉ siècle, à un certain chimiste et médecin nommé Franciscus Sylvius (bois un coup à sa santé lors de ton prochain apéro gin tonic !). À cette époque, on appelle ça du genever. Bon... on est encore très loin du gin que tu connais. C'est une sorte d'eau-de-vie de céréales (généralement de seigle ou d’orge) que l'on aromatise en laissant macérer du genièvre, afin que ça passe un peu mieux. Les mecs savent autant distiller que toi, imagine donc le goût du tord-boyaux...
C'est lors de la Guerre de Trente Ans (1618-1648) que les soldats anglais (venus épauler les Hollandais) vont découvrir ce breuvage. On le boit comme remède contre les aigreurs d’estomac, la goutte ou les douleurs provoquées par les calculs biliaires, mais surtout pour se donner du courage. Se péter le crâne afin d'oublier que t'es comme un con avec ton épée et ton bouclier, et qu'en face de toi, à quelques centaines de mètres, y a des milliers de narvalos déterminés, qui veulent te démarrer. C'est eux ou toi. C'est la guerre. Tout ça, car vous n'êtes pas d'accord si Marie s'est fait engrosser de manière immaculée ou pas. Le gin permet donc ne pas trop réfléchir à l'absurdité de la situation...
Les soldats anglais qui ont survécu à la boucherie, vont ramener au pays le « Dutch courage », comme ils l'appellent. L'engouement pour ce nouvel alcool (qui prendra vite le nom de « jenever » puis « gin ») est immédiat. Mais c'est surtout avec le Distilling Act de 1690, prononcé par le Roi Guillaume III d’Orange que sa popularité va exploser. En conflit avec les Français, une série de lois est prononcée pour limiter l'importation de Cognac et encourager la distillation d’eau-de-vie sur le sol anglais. Karma oblige, en conséquence, l'Angleterre, et notamment Londres, va connaître une des périodes de l'histoire les plus intenses en termes de cassosseries et d'alcoolisme. De 1723-1757, c'est le « Gin Craze » la bien nommée « Folie du Gin ». Du grand n'importe quoi...
La folie du gin : La cassosserie made in England
Si tu suis assidûment cette newsletter, tu sais qu'en 1700, Londres est le centre et la plus grande ville du monde. 600 000 habitants. Tous les campagnards y déménagent dans l'espoir de faire fortune. On dit que les rues y sont pavées d'or et que tout est possible. Mais à ton arrivée, tu n'y trouves que la misère, et ce sentiment chelou de pouvoir te balader dans la rue toute une journée sans croiser quelqu'un que tu connais. D'ailleurs, c'est à ce moment-là que la ville décide de créer la Police. Car qui dit anonymat et misère, dit dingueries... Jusque-là, les bourgades étaient assez petites pour que la pression sociale suffise à te dissuader d'être le fils de pute que t'as toujours été. Londres révèle ta vraie nature. Et pour oublier que t'es la pire des raclures, et que tu suces des cailloux pour te nourrir, tu bois comme un trou. Du gin pas cher exonéré de taxes. T'es pas le seul. À cette période, dans ton milieu social, on se descend du gin partout et à tout heure. Y a que ça à faire de toute façon, et c'est moins cher qu'un bout de viande...
Pour ouvrir un magasin de gin, rien de plus simple, t'as simplement besoin de gin. Tu vas chez un des grands distillateurs de la ville et t'achètes 5 litres d'alcool pur. Chez toi, tu le distilles une 2ᵉ fois pour faire baisser le bordel à 80°, tu y mets quelques plantes histoire de maquiller le goût, puis tu le vends. Un magasin de gin, c'est une petite pièce insalubre remplie de mecs que tu ne veux pas croiser à 4 heures du mat. Mais tu peux très bien aussi en vendre et en acheter dans la rue. Cela ne choque personne. On est loin du caviste hipster avec sa moustache qui te propose un gin de plantes cueillies sauvagement par un mec en reconversion cherchant un sens à sa vie...
Niveau dégustation, tu y vas à coup de 5 à 10 pintes. Bah ouais... quand t'es un paysan ignare qui débarque de sa campagne à Londres, t'as l'habitude de boire des pintes de bière dans ton bled paumé. Instinctivement, tu fais la même avec le gin. Sauf que là on parle d'un truc à 80°... Pas de spot préventif de l'Etat : « garde un œil sur tes potes en soirée ». Du coup, pas mal de gens décèdent. Littéralement. C'est ton quotidien de trouver quelques cadavres d’alcoolo trop ambitieux, décrépitant sur le sol des pubs, des magasins et dans la rue. Et pour ceux qui survivent ? Ils deviennent complètement tarés ! Je ne te parle pas de ton pote cassos dont t'as toujours un peu honte en soirée quand il fait l'hélicoptère avec sa bite, mais de véritables mécréants possédés par le diable...
Parité oblige, il faut noter que les femmes vont aussi se mettre à boire comme des trous. Si, jusque-là, elles n'étaient pas vraiment fans de la bière, aucune Lady ne refuse un petit verre de gin... D’ailleurs, l'une des histoires les plus traumatisantes est celle d'une femme : Judith Defour. Âme sensible s'abstenir ! Mère d'une fillette nommée Mary dont le père a disparu. Trop pauvre et alcoolique pour s'en occuper, elle confie son enfant à la paroisse. A cette période, les paroisses sont la CAF, les restau du cœur et la DDASS de l'époque. Un dimanche, dans un élan de sobriété, Judith demande à passer la journée avec sa fille. Jusque-là, c'est plutôt mignon... Le problème, c'est que pendant la journée, notre protagoniste croise sa pote Sukey. Les deux alcoolytes vont enchainer les bouteilles de gin. Une fois sans le sou, elles vont avoir la bonne idée de vendre les habits de la gamine pour continuer à boire. Sauf qu'on est en janvier... La petite fille va pleurer de froid et de désolation. Tandis que sa mère, ennuyée par le bruit, va l'étrangler en la laissant morte sur le trottoir, pour continuer tranquillement sa soirée de beuverie... Même si Judith Defour finira condamnée et pendue pour son acte, cela résume bien, malheureusement, la période de la folie du gin qu'a connue l'Angleterre...
Face à la perversion de son pays, l'Etat décide d'obliger les vendeurs de gin à posséder une licence d'exploitation (50 000 livres par an). Mais sans grand succès, seul 2 licences vont être attribuées... Pourtant, le gouvernement propose de donner une jolie somme d'argent à ceux qui balancent les vendeurs clandestins, mais la peur des représailles l'emporte. Et c'est aussi sans compter toute l'ingéniosité humaine lorsqu'il s'agit de vendre quelque chose d'illégal sans se faire choper...
Dudley Bradstreet, entrepreneur malin, va être à l'origine des « miauleuses », une franchise de magasins d'alcool clandestins. En se procurant une copie de la loi, après plusieurs lectures attentives, notre resquilleur remarque que le délateur doit absolument connaitre le nom du locateur de la maison dans lequel le gin est vendu pour que la plainte soit recevable par la police. Il décide donc de louer secrètement une maison et d'y mettre une enseigne de chat sur la fenêtre donnant sur la rue. Le plan est simple, installer un tuyau sous la patte du félin pour remplir le gosier des passants en tout anonymat. Pour cela, il missionne quelques potes de confiances de faire passer le mot qu'on peut trouver du gin à cette adresse. Après quelques heures d'attente, le premier client arrive, insérant (un peu sceptique) une pièce dans le trou creusé dans la gueule de l'animal, et proclamant la première phrase qui lui vient à l'esprit : « Minou, donne-moi deux pence de gin ». La magie de l'ivresse opérant, il se voit, comme promis, verser sa ration de folie. Un système ingénieux, qui se démocratisera dans tous les quartiers de Londres et rendra Dudley Bradstreet riche. Homme de sagesse, il dépensera tout son argent dans les putes et les huitres. Jusqu'à ce que l'État prenne des mesures drastiques et que le gin perde de sa hype...
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