Soiffard.e, salut à toi ! 🤘🍷
C’est Merlin pour la Newsletter #15.
Je t'écris en écoutant le nouvel album d’ISHA, et sirotant un cocktail que je viens de créer : Rhum blanc, citron vert, pamplemousse, feuille de basilic, Ginger ale & Tonic water… Et honnêtement, c’est pas mal du tout !
📧 Au programme :
👉 La Pépite du mois : Vent d’Ange - Thomas Pico (Domaine Pattes Loup)
👉 L'histoire décalée : Le Vin à l’origine de la Révolution Française ?
(T’as accès aux numéros précédents en cliquant ici, ils sont intemporels !)
Vent d’Ange - Thomas Pico (Domaine Pattes Loup)
Que cela soit écrit, ce Chablis est sans aucun doute un des meilleurs rapports qualité/plaisir que l’on peut trouver dans cette appellation si renommée !
Fluide, pur, salin, vif, minéral, fin, élégant… c’est le genre de vin qui te fait planer dans ces moments suspendus que les connards comme moi appellent le Satori. Mais surtout qui te rappelle pourquoi un grand vin c’est souvent mieux que le sexe, la poésie & le LSD (et que ça se passe de mots) !
Gouter ce vin, c’est dire droit dans les yeux de la vie “Moi, je suis venu sur terre pour kiffer ! ”.
Note : Je te conseille de le goûter dans pas trop longtemps, car à chaque nouveau millésime, la bouteille prend quelques € de plus…
Le Vin à l’origine de la Révolution Française ?
Je viens de lire un livre de Michel Craplet “L’ivresse de la Révolution”, expliquant la Révolution française sous un nouvel angle : celui de l’alcool. Il se pourrait bien que l’une des plus grandes fiertés et dingueries de l’histoire française, est, comme impulsion, la simple volonté de se bourrer la gueule. Je me suis donc dit qu’il fallait que je partage cette histoire avec toi.
Il faut savoir qu’avant la Révolution, le vignoble parisien (avec une surface de 24 000 hectares) est le plus grand de France. Mais pas forcément celui qui produit les vins de meilleure qualité… Bref, sous l’Ancien régime, l’alcool est soumis à de lourdes taxes dès qu’il rentre dans Paris. Pour gérer le bordel et contrôler tout le flux d’alcool qui passe, on installe des barrières avec des postes (nommées d’ailleurs officiellement barrières des octrois) qui font le tour de la capitale.
Je me permets une parenthèse pour souligner l’ingéniosité de la race humaine (ou peut-être seulement du peuple français ?) lorsqu’il s’agit de resquiller… Pendant cette période, c’est tout un système de tuyaux souterrains qui va être retrouvé pour faire passer de l’alcool en douce. Mais le prix Nobel de la Piraterie revient à un certain monsieur Monnier, qui s’est fabriqué une petite catapulte à l’extérieur de la ville pour lancer des ballons remplis d’eau-de-vie et de vin dans un marais situé dans l’enceinte de la zone taxée. Du génie !
Bref… Le problème, c’est que l’alcool est taxé en fonction de sa quantité et non de son prix. C’est-à-dire, qu’une piquette est taxée au même prix qu’un grand vin. Du coup, le petit peuple ne peut plus se permettre de se bourrer la gueule quotidiennement, car cela devient trop cher. Sans 8.6 à 1,45 € en bas du rayon Carrefour, à cette époque, il faut percevoir le vin et les autres alcools comme une denrée rare réservée à l’élite. Pour boire un coup, t’es obligé d’aller dans des guinguettes qui s’installent aux bords des portes de la ville afin d’éviter les taxes. C’est comme si un Parisien d’aujourd’hui devait prendre le métro jusqu'à Ivry-sur-Seine ou Aubervilliers pour ne pas payer son verre de Mojito 50 €.
Le pire, c’est qu’au fil des années, le régime de Louis XVI va élargir la zone de taxation. Les barrières des octrois dépassent largement les limites de la capitale pour s'installer dans les villages en périphérie. Bientôt, t'es presque obligé d'aller directement chez le vigneron pour ne pas être taxé. Forcément, ça sent la révolte...
Dans les livres ou Chat GPT, on retient le 14 juillet et la prise de la Bastille comme le symbole fort du soulèvement populaire contre l’absolutisme. Mais personne ne parle, 3 jours avant, du 11 juillet… Alors que ce jour-là, le peuple (armé de pioches, de pelles et de pavés), qui n'en peut plus d'avoir le gosier sec, prend d'assaut les différentes barrières des octrois. Ils y foutent le feu. Les flammes qui montent dans le ciel de Paris impulsent forcément le top départ de la Révolution... !
Selon pas mal d’historiens, le parisien de base perçoit clairement plus ces check points (qui, dans son quotidien, doublent le prix de sa bouteille de vin) comme le symbole concret du despotisme, que le concept flou de la non-séparation des pouvoirs et autres réécritures de l’histoire par des universitaires…
Maintenant, la question que l'on peut aussi se poser, c'est de savoir à quel point l’alcool, et plus précisément l’ivresse, a été le moteur désinhibiteur qui a contribué à la grande folie de cette période ? On sait que pendant les différents événements révolutionnaires de 1789 à 1794 (prise de la Bastille, prise des Tuileries, etc.), le peuple a vidé les caves sur son passage (#Openbar). Mais qu'il n'était plus vraiment habitué à boire une telle quantité d'alcool... Et toi-même tu sais que le combo : alcool à volonté + un foie en manque d’entraînement + la foule + la misère + une colère profonde = peut faire faire des dingueries… À méditer !
Voilà, c'est tout pour moi.
À bientôt,
Merlin